Le Bois de la nuit by Barnes Djuna

Le Bois de la nuit by Barnes Djuna

Auteur:Barnes Djuna
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Éditions Du Seuil
Publié: 2013-02-13T05:00:00+00:00


Où l’arbre tombe

* * *

Le baron Félix, qui avait résigné son poste à la banque, quoique non pas ses relations avec elle, avait été vu dans maint pays debout devant la grille du palais de ce pays, tenant ses mains gantées devant lui dans le premier mouvement inachevé de la soumission ; contemplant des vestiges et des lieux, avec, dans sa jambe, une tension qui lui faisait faire un pas en avant ou en arrière plus rapidement que son compagnon de voyage.

De même qu’en un temps il avait écrit à la presse au sujet de tel ou tel aristocrate (sans jamais rien voir paraître), de même qu’il avait envoyé des lettres à des maisons en déclin sans jamais recevoir de réponse, à présent il amassait un assortiment de spéculations religieuses qu’il se proposait d’envoyer éventuellement au pape. Cela parce que avec le temps il devenait de plus en plus manifeste que son enfant, s’il était né pour quelque chose, l’était pour un saint dépérissement. Mentalement déficient et d’une émotivité excessive, adepte de la mort ; à dix ans, à peine de la taille d’un enfant de six, portant des lunettes, trébuchant lorsqu’il essayait de courir, les mains froides et le visage anxieux, il suivait son père, tremblant d’une excitation qui était une extase précoce. Tenant la main de ce père, il grimpait les marches des palais et des églises avec le violent balancement de jambe nécessité par une échelle qui n’avait pas tenu compte de l’enfance ; en arrêt devant des peintures et des effigies de saints en cire, observant les prêtres avec la respiration accélérée de ceux chez qui la concentration doit remplacer la participation, comme dans la cicatrice d’un animal blessé transparaît le frisson de sa guérison.

La première fois que Guido avait parlé de son désir d’entrer dans l’Église, Félix avait été hors de lui de saisissement. Il savait que Guido n’était pas comme les autres enfants, qu’il serait toujours trop « étranger » pour qu’on discutât avec lui ; en acceptant son fils, le baron vit qu’il devait accepter la destruction de sa propre vie. L’enfant, de toute évidence, ne serait pas capable d’y faire face. Le baron apporta à son fils une vierge en métal suspendue à un ruban rouge, et la lui passa au cou ; ce faisant, le cou frêle, penché pour recevoir le ruban, lui rappela celui de Robine telle qu’il l’avait vue de dos chez l’antiquaire du bord de Seine.

C’est ainsi que Félix se mit à étudier la question de l’Église. Il scruta le visage de chaque prêtre qu’il voyait dans la rue ; il lut des litanies, il examina des chasubles, il lut le Credo ; il s’enquit de l’état des monastères. Il écrivit, après mûre réflexion, au pape, une longue dissertation sur la condition du clergé. Il fit allusion aux franciscains italiens et aux prêtres de paroisse français, faisant remarquer qu’une foi qui pouvait, dans sa plus profonde unité, donner lieu à deux types aussi dissemblables – l’un, le Romain,



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